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  • Photo du rédacteuraimé Kouadjio

L’INITIATION AU LÂ’KAM EN PAYS BAMILEKE DANS L'OUEST CAMEROUN : exemple à Balengou et bafoussam

Le Lâ’kam peut être défini comme une case sacrée, initiatique du prince héritier et de sa suite. C’est une case sacrée, dans laquelle le prince héritier, son adjoint et leurs compagnons de règnes sont appelés à passer neuf semaines durant lesquelles ils seront initiés aux valeurs traditionnelles, mystiques et religieuses du village.



De plus, ils reçoivent durant les neuf semaines d’initiation, des méthodes idoines pour l’administration du village. Cette pratique initiatique, comme nous le savons tous, s’inscrit dans le cadre du cours de Vision africaine du monde, et est rencontrée dans tout le pays bamiléké c’est-à-dire à l’ouest et au Nord-ouest du Cameroun. Mais, ayant pris appui sur l’ouvrage de Dieudonné TOUKAM intitulé Histoire et anthropologie du peuple bamiléké, nous allons nous attarder sur le peuple Bafoussam et Balengou. Ceci en allant vous présenter d’abord comment se fait ce choix du successeur du chef et son adjoint, ensuite vous parler de l’initiation au Lâ’kam, et enfin, vous faire part de la suite du prince héritier au Lâ’kam et leurs rôles.

  1. LE CHOIX DU SUCCESSEUR ET SON ADJOINT

Le choix du successeur se fait par le chef lui-même avec l’aval des membres du conseil des notables, qui sont capables de dire après avoir interrogé « le futur » si tel enfant peut garder ou non un totem, un « secret d’Etat », s’il est disposé à gouverner. Par ailleurs, le successeur et son adjoint (kuipoû) doivent être des fils nés durant le règne du chef. Notons que avoir un certains parcours scolaires ne relève pas des critères pour le choix du successeur. Toutefois il va s’en dire que l’intelligence et la sagesse du chef et de son adjoint étaient mises à l’épreuve d’une autre manière ; ceci lors de leur initiation au Lâ’kam.

  1. L’INITIATION AU LÂ’KAM CHEZ LES BALENGOU

  • Des funérailles à l’arrestation

Tout commence pendant les funérailles qui sont différents de l’enterrement. Car les funérailles sont l’occasion de réunir les voisins du mort, la famille au sens élargi, les associations auxquelles il appartenait, et de montrer combien il était aimé, combien il comptait pour la collectivité. À vrai dire c’est une fête, avec des danses autour du tam-tam, des tours de deuil, des costumes et des coiffures sortis pour la circonstance, puis des obligations de toutes sortes pour les familles : il faut « donner les assiettes », c’est-à-dire offrir des plats cuisinés aux parents, aux amis, aux voisins. Notons aussi que c’est une tente vide qui symbolise sa disparition. Seule une photo rappelle sa personne. Tandis que l’enterrement du chef a lieu en privé car personne en dehors des grands initiés ne l’a vu mort ni enterré.

C’est ainsi que devant des grandes personnalités, des voisins, des membres de la famille, etc. il y’a un homme drapé de rouge qu’on nomme le maître de la foudre, qui se promène en regardant le ciel comme s’il chassait les nuages en pensée. Tandis que les veuves du récent chef mort et les princes parmi lesquels se trouve le successeur sont vêtues avec des vêtements de couleur blanche.

  • Début du lâ’kam

C’est à l’heure où le soleil décline, qu’un mouvement de foule annonce que le moment est venu : quelques notables se saisissent d’un prince, celui que son père avait secrètement désigné depuis longtemps, lui couvrent le visage d’une étoffe et l’emportent à toute vitesse vers le lâ’kam, le lieu protégé où il devra rester neuf semaines.

Notons aussi que le lâ’kam ne se fait pas dans la chefferie ; c’est un notable qui prête sa maison, aménagée pour la circonstance. Ni porte ni gardes, mais une tente à l’entrée, sous laquelle un porte-parole reçoit les candidats aux visites, puis un labyrinthe assez bref entre des contrevents (des nattes tressées qui abritent des regards et de la poussière), une sorte de couloir coudé, sans toit, qui mène à l’endroit où le futur chef se tient debout, pendant qu’une musique est chargée de couvrir le bruit de la conversation. C’est là qu’à certaines heures, il reçoit les hommages des notables, des visiteurs de marque et même des enfants des écoles. Les cadeaux sont bienvenus. Le temps de l’initiation est fixé à neuf semaines ou soixante-trois jours, mais dans le calendrier traditionnel où les semaines ont huit jours, cela ferait soixante-douze, au mois de janvier dans les deux cas.

  • La fin du lâ’kam

10-11 jours avant sa sortie officielle, le futur chef sort du lâ’kam, le long du bois sacré, pour venir s’asseoir dans la chefferie, entouré de quelques centaines de personnes. C’est la sortie rituelle, annoncée par le seul bouche à oreille, et la ruse à un but précis : que les gens du village soient les seuls concernés, sans officiels et sans discours. Cela permet au régent de faire une sortie discrète. Ce régent était autrefois un homme du village, qui séjournait dans une case avant d’être banni, car le roi ne devait ni connaître ni croiser celui qui avait tenu son rôle. Désormais on procède autrement : on choisit quelqu’un dans un autre village, qui doit simplement faire acte de présence, afin qu’il n’y ait pas de rupture dans la succession. Après quoi on l’exfiltre en le couvrant de cadeaux, et ce personnage qui n’était rien devient notable à son tour, mais dans son village d’origine.

Le jour de la sortie officielle, nous assistons de nouveau à la présence des grandes personnalités, des voisins, des amis, etc. Et le maitre de la foudre qui au moment des funérailles était en rouge aura une autre couleur pour la circonstance. C’est ainsi que par de cérémonies diverses il sera intronisé.

  1. SUITE DU PRINCE HÉRITIER AU LÂ’KAM

Comme il a été dit précédemment, l’initiation au Lâ’kam se fait par le grand maître initiateur (Ta’aDjiMédjé chez les Bafoussam), entouré de son groupe de dignitaires qui ont tous en leur possession un totem. En outre, le prince héritier ne bénéficie pas seul de cette initiation, il est entouré d’une part de ses plus proches collaborateurs et d’autre part de ses nouvelles épouses.

  1. L’adjoint au chef (kuipoû)

Il est le frère consanguin du prince héritier, et subit presque le même rituel d’initiation que celui-ci. Son rôle résumé en cinq points nous est donné par Dieudonné Toukam dans Histoire et anthropologie du peuple Bamiléké, page 79-80. Ces rôles sont :

  • Il est appelé à remplacer le prince héritier, notamment lorsque la stérilité de ce dernier est avérée. Puisqu’il subit la même formation que son frère, il n’y a aucune perte de temps en cas de substitution, et, par conséquent, le programme d’initiation et d’intronisation du nouveau chef est respecté. Il est donc le futur chef du village si le prince héritier, pendant son séjour au Lâ’kam, ne procrée pas.

  • Dans des cas exceptionnels où le prince est retenu comme futur chef en dépit de sa stérilité, le kuipoû sert de paravent au chef pendant son règne, en faisant des enfants en lieu et place dudit chef, mais en toute discrétion car, dans ces circonstances la stérilité du chef n’est jamais dévoilée.

  • Il assure la régence lorsque le chef meurt précocement, en ne laissant que des enfants mineurs.

  • A la demande du chef ou quand celui-ci est moins viril, l’adjoint régule la multiplication de la descendance princière en aidant le chef à faire des enfants avec les nombreuses femmes de la cour.

  • Le kuipoû est le meilleur représentant du chef où qu’il soit : il est le plus digne de confiance, il lui est dévolu plusieurs missions du chef, etc. Il est d’ailleurs aussi nanti de pouvoirs de protection et de vision que lui procure l’initiation du prince.

  1. Le Souop

C’est un fils ou petit-fils du défunt chef que le prince héritier choisit. Il a pour rôle d’être en quelque sorte les « yeux et les oreilles du chef », c’est-à-dire qu’il est censé dire au chef tout ce qu’il observe et entend, car il a reçu lors de son initiation des techniques et pouvoirs d’observation et d’enquête.

  1. Le Defo

Provenant de la famille non-régnante, il a pour mission à la sortie du Lâ’kam, de protéger les droits du chef dans les sociétés sécrètes où sont admis les Defo. Lors de son initiation, on lui développe une fidélité éprouvée à l’endroit du chef et du conseil suprême des notables.

  1. Le Meppé

Fils du village et non de la famille régnante, il est formé pour être beaucoup plus le commissaire et l’envoyé spécial du chef partout ou besoin se fait. Notons qu’il est très puissant.

  1. Le Tamba Fo

Il est choisi par le prince lui-même. Il est comme le musicien du chef. Bien plus, il est le chef de la communication entre le chef et ses sujets. Il est aux côtés du chef lors de tous ses déplacements dans la contrée. Annonçant avec une trompette le passage du chef, et demandant par ce fait au public de céder la voie. Il maîtrise les sons de messagerie que produisent les tam-tams, et fait souvent recours à ces derniers, pour véhiculer certains messages urgents.Tamba est donc un notable respecté, ce d’autant qu’il est investi d’un pouvoir par le soin de l’initiateur du chef.

  1. Le Tchitsoue

Elle est une Méfo, c’est-à-dire une fille, petite-fille ou arrière-petite-fille de la chefferie, ceci chez les Bafoussam. Elle serait la gouteuse des repas du prince. Autrement dit, elle est chargée de détecter tout éventuel empoisonnement du chef et de son adjoint, ceci dit qu’ils ne mangeront que des repas qu’aura gouté la Tchitsoue.

  1. La Güikam

C’est une jeune veuve du défunt chef, choisie pour accompagner le prince au Lâ’kam. Elle doit s’occuper, à tout moment du prince héritier. Cette dernière, ayant partagé l’intimité du chef à des moments peu ordinaire, doit être elle aussi initier et avoir à sa possession un totem qui la différencie des autres femmes.

  1. La Güidze

C’est aussi une jeune veuve du défunt chef que l’on choisit pour quelle séjourne au Lâ’kam en compagnie du prince héritier et de son adjoint. Elle obtient aussi lors de l’initiation un totem et est la plus proche collaboratrice de Ma’aKouon.

  1. Ma’a Mefo Ma’a Kouon

Contrairement au Güikam et Güidze, elle est la première épouse du prince. Un espion de la chefferie travaille à détecter de belles demoiselles du village qui reflètent les goûts du prince. Il faut noter qu’une copine du prince est souvent approchée, à la demande de celui-ci ; mais elle doit être une fille Bafoussam pour prétendre à la place de la Ma’aMefo. De toute manière, elle doit être trouvée au cours des premières semaines du séjour des princes héritier au Lâ’kam. Mâ’aMefo (littéralement : la reine bien aimée du chef) est initiée bien plus que les autres femmes présentes au Lâ’kam : elle doit avoir plusieurs totems, signe de puissance. C’est elle qui une fois sortie du Lâ’kam à ce rôle de dresser un calendrier de passage des autres femmes du chef dans la chambre de ce dernier. Elle seule c’est-à-dire la reine bien aimée du chef, décide du rapport intime qui doit exister entre son époux et ses coépouses. Lors d’une sortie officielle du chef, c’est elle qui l’accompagne et est considérée comme « l’unique véritable épouse du souverain ». On peut dès lors voir qu’elle bénéficie de beaucoup d’honneurs et de faveurs de la part de ses coépouses.


Chefferie Bamiléké


La fonction de chef traditionnel chez les bamilékés : dans un groupement donné de la province de l'Ouest au Cameroun, le "fo" (chef supérieur; et non "roi" car le 'pays' bamiléké n'en a pas)a des pouvoirs assez étendus au plan mystico-religieux et administratif. Le "fo" est le symbole de l'unité et de la force du peuple. Mais au plan de la communication avec les ancêtres et Dieu, c'est presque toujours le Conseil suprême de notables (le Conseil des 9) qui en a la prérogative; avec à la clef, le rôle proéminent du dignitaire qui accède au Néfam, le panthéon des défunts chefs de la dynastie (lire "Histoire et anthropologie du peuple bamiléké", par D. Toukam).


Les chefs bamiléké sont généralement désignées par le nom de Namtchema (lion), ou autres noms de louange tels que "mbelong" ou autres, "ô dze", "din toue gouon", etc., ou même par des entités totémiques qu'ils possèdent. En général, les "fo" jouissent de pouvoirs temporels et spirituels après leur séjour d’initiation de 9 semaines dans la case initiatique, le Lâ'kam. Dans le langage traditionnel, le chef ne meurt pas; il retourne au royaume de ses ancêtres. Par ailleurs, il est le maître de la terre, à condition de préserver le droit d’usage à tous.

Du fait du grand respect qui lui est dévoué, le "fo" est en principe celui auquel sont destinés gros gibiers (buffles, phacochères, félins...), peaux de félins, statues d'envergure, tabourets multipodes ou sertis de pièces d'argent, défenses d'éléphants, dents de rhinocéros et de lion, etc.

Dans la société bamiléké, le chef est considéré "invraisemblablement" comme le plus fort à tous égards dans la communauté; et à ce titre, la plupart des sorciers, magiciens, médiums, devins guérisseurs partagent avec lui leurs puissances pendant son séjour au Lâ'kam, tout en volant à son secours si besoin.


Création d'une chefferie en 'pays' Bamiléké


Une chefferie prend naissance à partir d’un palais royal et devient une sorte de patrie autonome. Bien qu’indépendantes, les chefferies ont des grades différents suivant leur proximité avec l’ancêtre mythique, et de fait, avec l'administration publique -qui classe souvent ces chefferies. Les chefferies sont nées de trois facteurs:

  • des princes héritiers se libèrent du joug paternel et s'éloignent de leur contrée;

  • des princes sont placés à la tête de terres nouvellement conquises;

  • des excommuniés et bannis s'éloignent, forment un groupe et fonde plus tard un groupement insoumis1.

Sociétés secrètes


Le pouvoir de chaque "fo" est sérieusement tempéré par le grand nombre de sociétés sécrètes qui animent et entretiennent la flamme de la communauté. Elles ont un caractère religieux ou économique, mais leur étude reste une affaire taboue en raison de leur nature sacrée. Elles se réunissent à des périodes précises. Hiérarchisée, chaque confrérie a une signification propre et est orientée vers une mission précise. Exemples :

  • Pagouop (porteur de peau de panthère),

  • Medjoung (guerriers),

  • Kougang (tenants des coutumes et traditions).

L’accès aux sociétés sécrète passe par l’initiation qui est la base des coutumes ; les coutumes et traditions sont aussi nombreuses que diverses. Très respectées, elles font la fierté de l’homme bamiléké qui y attache beaucoup d’importance.


Justice traditionnelle


La couture Bamiléké compte parmi les plus somptueux : décoration et goût poussé dans la recherche ; c’est tout un message qui témoigne de la finesse du Bamiléké dans l’art de la communication. Les cérémonies de danses traditionnelles sont les occasions propices pour apprécier la richesse de ces tenues, fruit de ma maîtrise de l’art. Il faut aussi souvent assister aux danses traditionnelles dans les régions bamiléké pendant la saison sèche afin de découvrir la vraie réalité des tenues de danse traditionnelle.


Chefferie Bamiléké et peau de panthère


En 'pays' Bamiléké, la semaine compte huit jours, et chaque jour a une signification liée aux activités qui lui sont réservées, ou inspirées de l’histoire du village. De manière générale, le temps est indiqué par des événements qui le marquent : tel fait s’est déroulé pendant les récoltes de telle ou telle plante, pendant les semailles de telle autre, en saison sèche ou de pluie ; on dira par exemple je suis né l’année de l’invasion des sauterelles, l’année de l'éclipse au lever (ou au coucher) du soleil, à la nouvelle lune, au premier chant du coq, etc. De nos jours, les choses ont évolué avec les calendriers en langue maternelle où les jours, les semaines les mois voire l’année ont effectivement une dénomination.


Propriété


Les biens privés ne manquent pas. Mais les biens communs sont les plus nombreux, parmi lesquels ;

  • Le palais royal lui-même : Ntsa’a - ngouong (palais du peuple) ·

  • Les pagnes traditionnels de la chefferie · Les bracelets en or du chef · Les ivoires de la chefferie.

  • Certains instruments Qualifiés de tsegouong c’est-à-dire les biens du peuple).

  • Les lieux et marchés publics ·

  • Les lieux saints ·

  • Les cours d’eaux ·

  • Les routes publiques ·

  • Tribune et tam-tams de la chefferie

C'EST QUOI LE LA'AKAM (Rappel) ?

Le la'akam signifie le « village des notables ». Tout futur chef doit y séjourner avant son intronisation. Cette légitimité lui confère l'autorité de chef. Il devient le garant de la prospérité et de la suivie de sa Chefferie.

Dans toutes les chefferies Bamiléké l'accession au pouvoir se fait généralement de père en fils. Tous les fils du chef entrent en compétition avec les mêmes chances d'être désignés selon leur mérite. Ils sont jugés sur leur travail, leur intelligence et leur aptitude à maîtriser et à respecter la coutume. Les vœux du défunt chef quant à sa succession ne constituent pas un choix définitif. C'est le « conseil des Sept », qui choisit le futur chef lors d'une grande « cérémonie d'arrestation ». Le « conseil des Neuf » se charge d'assurer la formation du nouveau chef durant son séjour au La'akam.


Le La'akam est un lieu de retraite où pendant neuf semaines, le futur chef subit une formation d'investiture et d'initiation aux mystères du royaume. Pendant ce temps, il est entre autre placé au contact de plusieurs femmes qu'il doit en principe, mettre enceinte. Au moins l'une d'elles doit concevoir d'un garçon qui pourra être le futur successeur en cas de décès imprévu. A la sortie du la'akam, le chef est nettoyé de toute sa vie passé. Vêtu de vêtements royaux, il est investit devant son peuple tout entier dans des danses et des chants de joie.


IV- RÔLES OU IMPORTANCES DE LA FEMME DANS L’INITIATION AU LÂ’KAM


La femme joue un rôle primordiale quant à ce qui concerne l’initiation au Lâ’kam. Ceci en :

  • Assurant la sécurité du prochain chef du village. Nous l’avons vu avec la Tchitsoue, qui doit à chaque fois goûter le repas du prince et de son adjoint pour éviter tout empoisonnement de ce dernier.

  • Devenant enceinte lors de leur séjour au Lâ’kam, elles certifient à tous que le prince jouit d’une santé irréprochable, faute de quoi, le trône ne lui sera pas destiné.

BIBLIOGRAPHIE

  • TOUKAM D., histoire et anthropologie du peuple bamiléké, paris, Ed Harmattan, 2010, 240p.


Source : http://pitti.over-blog.com/

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